On ne refait jamais sa vie, on la poursuit…
A regarder certains couples divorcer, on peut se demander si ils ne se déchirent pas plus au cours de leur divorce qu’ils ne le faisaient à la fin de leur vie conjugale. Cela résulte souvent de ce que le système judiciaire pousse soit à se mieux protéger, soit à attaquer plus. Dans cette situation les avocats ne considèrent en général que le résultat à court terme aux dépends des effets sur la relation à long terme ; relation qui, quoiqu’on fasse, continue à exister. Soit dans la volonté de s’ignorer, soit dans le regret ou la façon dont perdure la rancune. Ainsi les avocats pour bien défendre leur client le poussent-ils à attaquer. Et ceci se trouve facilité par l’état de rancœur agressive dans lequel l’époux quitté ne manque pas de se trouver.
Avec l’expérience du divorce que nous avons depuis trente, on constate que certains couples se remettent ensemble (!) ou que des célibataires, autrefois mariés, n’arrivent pas à se remettre durablement dans un autre couple. En revanche, une multitude “d’ex“ ont réussi leur séparation, s’entendent bien et ont construit un prolongement harmonieux de leur relation perdue. Une sorte de couple d’intérêt, sans vie commune.
La question qui se pose est de savoir si on peut défaire l’histoire et si le couple disparaît lorsqu’on le casse.
Se déchirer, ne pas parvenir à créer un autre couple, ou s’organiser pour s’entendre sont autant de façon de rester ensemble. En fait, on ne peut défaire l’histoire. Lorsque les individus se séparent, quelque chose du couple continue à survivre. On ne refait jamais sa vie, on la poursuit. Et un vase cassé reste un vase, même en morceaux !
Ce phénomène atteint moins ceux qui divorcent par consentement mutuel. Sans doute veulent-ils préserver une histoire positive de leur union. Et sont dans une relation où confiance et estime sont moins entachés.
Cette permanence du couple pousse à penser qu’il faut en protéger les restes, même lorsqu’il se délite. Les futurs divorcés, sans doute déjà en grande difficulté d’explications réciproques n’ont nul besoin de voir les griefs se multiplier ni ce qu’il reste de leur histoire se détériorer.
Tout ceci conduit à se demander si il ne vaut pas mieux parfois renoncer (au moins dans une première étape) aux pratiques de la justice. Celle-ci, faite pour assurer la réglementation de la rupture immédiate, ne saurait prendre une posture de psychologue capable de faire relativiser les perceptions et de préserver l’avenir. En revanche, un médiateur pourrait-il permettre aux époux de se mettre d’accord sur leur mode de séparation en préservant leur relation actuelle et en préparant un divorce par consentement mutuel dont le seul rôle resterait de vérifier que cette rupture ne se fait pas aux dépends de l’un des deux.
Médiateur de couple en rupture, une nouvelle profession ?